Les papas en danger? Garde alternée, hébergement…

J’ai commencé par écouter le podcast les couilles sur la table (Je te donne le lien en fin d’article)SOS Papa, Urgence Papa, Les Papas = les Mamans… Ces associations dites “de défense des pères” dénoncent une justice aux affaires familiales “misandre”, qui les priverait arbitrairement de leurs enfants en cas de séparation, au bénéfice des mères. J’ai conclu cette écoute par un « ce n’est pas possible… » Il faut que je lise ce livre, cette enquête pour y voir plus clair :

Les papas en danger? Des hommes à l’assaut des droits des femmes.

Aux éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, disponible en ligne ici. 12€

On a tous en tête ces images, ou ces récits de papas perchés en haut d’une grue pour tenter de faire valoir leurs droits. C’est un acte marquant, émouvant… Est-ce vraiment représentatif de la situation de la plupart des papas et combien sont-ils réellement à ne pas pouvoir voir leurs enfants autant qu’ils le souhaiteraient? Et pour quels motifs?

C’est un rapport édifiant que nous présente ici Edouard Leport. Edouard Leport nous apporte son regard en tant que sociologue. Cet ouvrage se nourrit de ses 3 années passées à enquêter dans les différentes associations de défense des papas. Les bribes de conversation que nous rapporte cette enquête sont ahurissantes.

Finalement les papas voudraient juste se payer le luxe de pouvoir disposer de leurs enfants quand ils le souhaitent. Qu’on leur accorde systématiquement la garde des enfants pour dans la majeur partie des cas ne pas vouloir cette garde puisqu’elle est incompatible avec leurs emplois du temps!

Ce sociologue a ici la volonté de nous écarter des conclusions hâtives. C’est si facile de ne tenir compte que des informations un peu tape à l’oeil que l’on nous donne!

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En finir avec les lieux communs masculinistes!

Il a d’ailleurs soutenue sa thèse en 2020 : Quand les pères montent la garde : discours, pratiques et conscience de domination dans les mobilisations collectives de pères séparés.

Résumé

Cette thèse analyse les modalités et les conséquences de la mobilisation d’hommes dans la partie la plus active du mouvement masculiniste français, les associations de pères séparés et divorcés. Ce travail est fondé sur une enquête qualitative faite de 24 entretiens semi-directifs avec des militants et des bénéficiaires de 7 associations, et 32 observations de permanences d’accueil, menées dans 3 d’entre elles. Ce terrain, enrichit de nombreuses sources écrites produites par le mouvement, permet d’étudier le discours construit et diffusé par les associations pour en comprendre la construction et les effets sur la subjectivité et les pratiques collectives et individuelles des pères.

[…]Ensuite, j’analyse la structure argumentative du mouvement en insistant sur les conséquences matérielles des conseils fournis, et la portée des analyses et des revendications Les discriminations dénoncées par les pères révèlent leur attachement à la position socialement dominante qu’ils occupent dans les rapports sociaux de sexe […]

Malgré le côté sombre que révèle cette enquête, il est important de noter que l’on juge plus disponible une maman parce qu’elle est bien souvent soit en temps partiel ou à un emploi du temps plus compatible avec l’organisation du quotidien avec des enfants. A l’inverse les hommes seraient pénalisés car leurs emplois du temps sont plutôt orientés vers le travail pour subvenir aux besoins familiaux donc moins disponibles.

Les juges estime bien souvent qu’il est indispensable de préserver la présence du père dans le quotidien de l’enfant uniquement par le fait qu’il soit homme. Que le père soit investi ou non dans sa relation avec l’enfant…

Les associations de défense des droits des pères

On note l’évolution de la stratégie communication des associations qui étaient complètement orientées vers la défense des droits des pères et qui au fil des années se sont tournées vers la parole des enfants « j ai droit à mes 2 parents… » Mais c’est principalement en terme de communication que cette évolution a eu lieu parce que dans les conseils donnés aux pères dans ces associations, il n’en est rien!

Il en ressort que le but final n’est pas le bien être et l’équilibre des enfants mais surtout de redonner le pouvoir aux papas après la séparation!

La proportion des situations du genre sont finalement assez faible puisque la majorité des séparations mènent à un consentement mutuel. Pour les autres cas, bien souvent les papas ne souhaitent pas la garde alternée. Pour ceux auxquels elle est refusée, c’est bien évidement pour des motifs sérieux comme les violences…

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Mon expérience

Je fais moi même partie d’une famille divorcée, décomposée et recomposée… Tu vois le genre! Finalement dans l’ensemble les papas que je connais font partie de ceux qui ont respectés le bien être de leurs enfants en accord (plus ou moins) avec les ex-conjointes!

A part quelques mauvais(es) élèves : Pension alimentaire non payées, puisqu’à l’époque les mères avaient peu de recours. Heureusement aujourd’hui c’est même l’état qui se porte garant! Et des tentatives d’éloignement de l’enfant… 

J’ai posé la question à Edouard :

Je t’avoue qu’une question me taraudait en lisant cet ouvrage! Je me suis dit que forcément ce sociologue devait avoir un passé fait d’une séparation de ses parents compliquée, de l’absence de son père… Bref! J’ai imaginé beaucoup de choses.

Pour en avoir le coeur net, j’ai directement demandé à Edouard Leport ce qui l’avait poussé à mener cette enquête qui a le mérite de révéler des faits que je ne soupçonnais même pas!

Alors voici sa réponse telle quelle :

Pour répondre à votre question (qu’on me pose souvent), je commence par préciser que je ne suis pas concerné directement par le sujet, dans le sens où je ne suis pas marié, je n’ai pas d’enfant, et mes parents ne sont pas séparé⋅es.

Au moment de commencer ma thèse, j’étais déjà intéressé par les différentes luttes féministes et par les théories féministes dont j’avais entendu parler et dont j’avais pu lire des éléments. J’ai donc eu envie de faire un travail universitaire sur ce thème pour approfondir mes connaissance et pour tenter de trouver des outils pour agir sur le monde. C’est notamment la lecture du livre de Léo Thiers-Vidal « De l’ennemi principal aux principaux ennemis » qui a été eu un impact très important sur moi et qui m’a décidé à faire cette thèse.

Il me paraissait maladroit et même contre-productif de faire de la recherche « sur » les femmes étant moi-même un homme et je ne voulais pas prendre la place d’autres chercheuses ni « exploiter » les luttes féministes à mon profit en faisant de la recherche « sur elles ». J’ai donc choisi de travailler sur les hommes en tant qu’agents actifs dans la rapports sociaux de sexe. Ce qui, en plus, faisait beaucoup plus écho à mes questionnements personnels sur ma place par rapport aux luttes féministes etc.

C’est ensuite en discutant avec ma directrice de thèse, Anne-Marie Devreux, que j’ai décider d’étudier des associations masculinistes puisqu’elles mobilisent des hommes justement parce qu’ils sont des hommes, donc avec une conscience de leur position dans les rapports de genre, en raison de leur genre. Les associations pour les droits des pères séparés et divorcés étant les plus actives, c’est comme ça que j’en suis venu à faire la recherche qui a donné ce livre.

Le podcast Les couilles sur la table par Binge audio « Au nom des pères« , vous retrouverez Edouard Leport au micro de Victoire Tuaillon.

Est-ce que tu imaginais tout ce côté peu reluisant concernant la défense des papas?

Merci aux Editions de la maison des sciences de l’homme et merci à Charlotte.